J'ai bien conscience que le monde du travail n'est pas vécu par tout le monde de la même façon.
Mon premier boulot, j'avais 14 ans, c'était de castrer les maïs dans les champs.
C'était les petits boulots d'été bien entendu mais on attendait de nous d'être aussi efficace que quelqu'un de plus âgé, plus mûr et plus sûr de lui. Quand t'as 14 berges et que tu te fais pourrir parce que sur une ligne de 500 pieds de maïs t'as eu le malheur d'oublier trois putain de fleurs, ça te donne pas une très bonne image de ce que va être la suite. Pour le coup j'avais pas tord.
J'étais pas ce qu'on peut appeler une tête de classe à l'adolescence, j'étais pas non plus mauvais mais j'aimais pas l'école, j'ai donc foiré mon bac à deux reprises, la première fois parce que je m'en foutais, la deuxième fois parce qu'au lieu de réviser j'étais parti travailler pour gagner des ronds et ne pas avoir à retourner chez mes vieux.
Mon premier "vrai" boulot, c'était de pelleter des cailloux dans une usine. Ils en avaient foutu 12 tonnes par terre. Ben c'était pour ma face, petit intérimaire à la con. J'avais 18 ans à ce moment là. J'ai pas été mal traité mais le boulot était crevant et inintéressant. J'ai enchaîné les missions, dans l'industrie principalement, dans de la fabrique de charpente, de la manutention, de la découpe de tubes pour mobilier urbain et je vais m'arrêter là parce que ça a pas vraiment d'intérêt de continuer.
Tous ces boulots avait des points communs : ça payait au lance-pierre, on était traité comme des esclaves, à la moindre protestation on était foutu dehors.
Tu vas quand même pas te plaindre alors qu'on te fait bosser, trou du'c !
Et puis après tout ça, mon premier "long" contrat, qui n'a duré que 4 mois mais c'était toujours plus que les autres missions, c'était pour La Poste. Ouaip, j'ai été facteur ! Si les collègues et les supérieurs avait pas été aussi cons, ça aurait pu être le boulot de rêve ! Ça payait enfin correctement, du moins c'était mon point de vue à l'époque, les clients sont majoritairement sympas, t'es dehors avec ton p'tit scooter tu prends l'air pépère. Ça me plaisait bien. Mais justement les collègues...
Je risque pas de contredire les clichés sur La Poste. Ça picole dès le matin : "Une p'tite goute dans ton café?" Non ça va aller merci. Ils se bavent sur la gueule les uns les autres et se font la bises comme des amis de toujours. Les faux-culs. Mais ça on le retrouve partout. Le pire restait les supérieurs, un en particulier. Une gueule de bull-dog en fin de vie, fripé et hargneux, appelons le Pierre.
Ce Pierre râlait, tout temps, pour tout. Et j'ai eu le malheur de ne pas aller à une "convocation" dans son bureau, parce que j'avais fini ma tournée très en retard et que mes heures supplémentaires n'étaient ni payées ni rattrapées. Je bosse pas gratos.
Le lendemain matin cet ordure m'attrape, enfin c'est vite dit puisque je fais deux bonnes têtes de plus que lui et probablement 25 kilos de plus, m'emmène dans son bureau et me passe une soufflante. Je lui explique pourquoi je ne suis pas venu la veille, il se remet à gueuler. J'en profite pour lui dire que s'il veut que je fasse des heures, il n'a qu'à me les payer. Moi et ma grande gueule... qu'est ce que j'avais pas dit là ! La semaine suivante, le jeudi, on vient me voir pour dire qu'ils mettent fin à mon contrat. Et je n'étais pas au bout de mes peines dans le monde du travail mais je continuerai une prochaine fois.
Cheers.
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